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Avant, je vivais dans un monde de rêve et d'étoiles, où le soleil et les arbres se mêlaient à mon imagination sans faille. Je ne manquais pas d'idées, je ne manquais pas de plume. Le temps me volait ma vie. Aujourd'hui, le doute et la désillusion m'ont rongée au point de me faire perdre ce que je croyais indéfectible, ce que je ne pensais jamais perdre. Ecrire, c'était pour toujours, il y avait toujours un moyen, c'était possible. Malgré le temps à trouver, malgré les difficultés, j'étais prête et j'affrontais tout comme je le pouvais, au fur et à mesure. Parfois, je craquais, et ma plume se mettait à chanter sous mes doigts ébahis le temps d'une inspiration, ou plutôt de la naissance d'un fruit longuement mûri.

Et puis, j'ai déménagé, et j'ai cessé de me battre. J'ai décidé de me consacrer à d'autres choses, qui n'étaient pas moi, et je me suis perdue. Pourtant, durant ces deux années, j'ai énormément évolué. Professionnellement, émotionnellement. Simplement, les éléments étaient dans ma tête, et mes mains inutiles laissaient s'échapper les mots vers un ciel inconscient. Dispersés, ils se sont éloignés avant de disparaître... Et la source s'est tue. Ce n'était plus seulement une question de résolution, ou d'arbre, ou d'étoiles et de montagnes. J'ai cessé de rêver. Je n'ai plus vécu que dans la crainte, dans une fuite en avant. Maintenant, je me demande pourquoi. J'ai l'impression d'être enfermée dans un cercle négatif, comme si je n'étais plus capable de créer, mais n'étais qu'un outil, une machine.

Je ne suis même plus capable d'imaginer des choses négatives, enfermée dans mon angoisse, dans un sentiment vague mais persistant. Il n'y a plus de menace, je suis juste ici, en train de végéter, sans savoir vraiment comment me ressourcer et oublier mon quotidien. Je n'ai plus envie d'être forcée à faire des choses, je n'ai plus envie de me sentir obligée de rien. J'aimerais redécouvrir la notion de plaisir, d'inconséquence... Juste faire quelque chose pour moi. Ou plutôt, quelque chose de gratuit. Quelque chose de fou, peut-être ? Je ne me sens plus vivante. Ma vie, mes actes sont minutés. J'aimerais de la liberté, avoir le droit de choisir. Avoir le temps de me remettre en profondeur, physiquement et psychologiquement, parce que oui, je me sens atteinte, profondément marquée par des années de souffrance morale. J'aurais besoin d'une petite étincelle qui fasse renaître la paix de mon esprit. Un petit déclic, un rien, qui laisserait à nouveau le flot s'écouler hors de moi.

Je contiens trop de choses. Oh, je me retiens sur tout. J'essaye de ne pas juger. Je ne dis jamais rien en face. Je garde tout. Mais parfois, ça me pèse, parce que tout ce que je garde commence à ronger mon coeur, puis mon âme, puis mes pensées, jusqu'à m'en faire oublier ce qui est vraiment important. Et ce n'est pas ce qui m'entoure. Je n'ai même plus de nostalgie pour hier, ni de projets pour demain, simplement l'angoisse d'aujourd'hui, de devoir affronter une nouvelle journée. Où est le plaisir ? Je ne le trouve plus dans tout ça. Je me sens seule, aussi, et mal entourée par ceux qui le devraient. Pourquoi cela me touche-t-il encore autant ? Une autre question qui s'ajoute à la liste. Si seulement j'avais du temps pour tout marquer, page par page, pour creuser jusqu'au saignement mon âme blessée, et enfin soigner mon coeur pour repartir vers un avenir plus serein, plus apaisé...

Je ne sais pas vraiment ce qui m'arrive. Je sais juste qu'il y a quelque chose, et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, qui ne va pas vraiment au fond de mon coeur.