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Publié le par Ambre

Un rayon de soleil. Le scintillement de l'eau jaillie d'une fontaine. Un souffle de vent. La bouffonne sourit de toutes ses dents : elle était arrivée à Altemberg la grande. Qu'elle était douce la sensation du pavé sous le pied après des semaines à parcourir la forêt ! Ambre poussa un soupir. Certes, les arbres allaient lui manquer, mais elle ne pouvait vivre de baies toute sa vie ; elle désirait à nouveau ressentir cet étrange pincement au coeur qu'elle avait toujours au contact d'autrui. Sur son épaule, Grelot émit un miaulement empli de reproches. Ambre lui répondit par des ondes positives.

*Toi, tu n'es pas n'importe qui..."

Le chat quitta son épaule. Une sensation de chaleur et d'amour envahit un instant le coeur d'Ambre. La bouffonne enchaîna rapidement quelques pirouettes. Les passants la dévisageaient. Tant mieux. Mais aujourd'hui, la populace commune n'était pas son objectif. Quitte à arriver dans une ville aussi impressionnante, mieux valait s'adresser aux plus hautes autorités et se rendre directement au palais. Ambre franchit rapidement les différents cercles de la cité. Le palais étincelait de mille lunes d'argent sous le soleil.

*Très beau, mais quelle belle cible pour un allié bien équipé...*

La porte n'était pas gardée. Les décorations laissaient entrevoir des millénaires de l'histoire de Faelia, une histoire impressionnante et riche en contes de toutes sortes. Ambre poussa le battant avec respect. Un grincement sinistre se fit entendre, mais la bouffonne n'y prêta pas attention. Ce fut seulement lorsqu'elle pénétra à l'intérieur qu'elle se rendit compte que quelque chose clochait. Les cloches, tout d'abord, qui sonnaient à la volée depuis son arrivée, et le froid glacial qui régnait dans l'entrée du palais donnaient une impression lugubre à l'endroit. Où étaient passés les habitants ? Et puis, il y avait ces tentures noires... Quelqu'un était mort ? Ambre haussa les épaules. Certainement pas le roi. Il y avait toujours un roi. Il devait toujours y avoir un roi. Sinon... L'angoisse s'empara de la bouffonne en même temps que la sensation de son éventuelle inutilité. Ne plus y penser, vite.

Ambre fit quelques pas le long de l'immense couloir pavé de marbre blanc. Par réflexe, elle se saisit de Grelot et le percha sur son épaule. La chaleur rassurante du corps du chat la mettait un peu plus un l'aise. Un peu plus à l'aise ? Mais depuis quand se sentait-elle mal à l'aise où que ce soit ? En un éclair, elle reposa le chat à terre et se mit à cabrioler dans le palais.

"Mon roi ! Mon roi ! Où es-tu mon roi ? Me voici, me voilà ! Avec moi, plus d'idées noires, plus de soucis, rions, rions jusqu'à la lie, efface ton chagrin par le cruauté de mon humour ! Mon roi, mon roi, la marotte cherche son sceptre, viens, viens me retrouver !"

Ambre courut à la porte et l'ouvrit intégralement, laissant entrer les rayons du soleil. Elle avait sa tenue chatoyante des beaux jours aux éclats multicolores.

"Bienvenue à toi, soleil ! Trop longtemps tu as été oublié dans ces lieux lugubres !"

La bouffonne prit une profonde inspiration. L'air sentait la douceur du vent et la chaleur de la pierre au soleil. Elle partit d'un gigantesque éclat de rire. Un roi, le roi... Son roi, son vrai roi ? Il viendrait bientôt à sa rencontre.

Publié dans Nouvelle

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