Agreg

Je crois que cela me plairait beaucoup d'écrire une autobiographie comme celle de Sarraute.

Enfin... Pas tout à fait.

Plutôt quelque chose qui y ressemble, mais qui contienne mes souvenirs. Ou non.

En réalité, j'adore cette idée de souvenirs au hasard, qui constituent ce que je suis... Mais pourquoi les remettre en question ? Pourquoi à tout prix chercher à les rationnaliser, à les questionner ? Je préfère de loin ce que je ressens, la vérité du sentiment tel que je suis capable de l'exprimer.

Oui, sans doute, mes souvenirs ne seront pas aussi exacts, mais la façon dont je m'exprime, l'ordre des mots que je couche sur le papier, les effets de style et d'emphase, tout cela ne fait-il pas autant partie de moi que le souvenir lui-même ?

A l'honnêteté du langage, à l'honnêteté de la vérité, je préfère celle de l'illusion, ou plutôt du voile, du masque ou du détournement. Peu m'importe si j'interprète ou je déplace, je crois, en réalité que c'est ce dont je me souviens que j'ai réellement vécu, ou, pour être plus précise, que c'est ce dont je me souviens que je vis réellement maintenant.